Mon premier jogging, ma première gamelle, ma première galère…

Tihange – Les Foulées de Tihange. 5,5 kilomètres de course. Quinze mois après ma dernière cigarette, j’ai sauté le pas et je me suis inscrit, avec l’idée déterminée de ne pas me dérober devant la difficulté et d’au moins essayer de franchir les premiers kilomètres. Mais je n’avais pas pris conscience de certains « paramètres »…

On y est ! La ligne de départ est devant moi. Tout le monde s’est échauffé. Sauf moi bien sûr car, pour espérer arriver au bout d’une distance que je ne maîtrise pas encore, j’ai décidé d’économiser mes forces. Un départ prudent devrait me permettre d’arriver un peu plus chaud à la première difficulté, sans avoir gaspillé mon énergie. Top départ, la meute s’ébranle. J’ai envie de crier: « allez-y, je vous rattrape ». Mais je me contente de les regarder partir comme des dingues. En queue de peloton, je me dis que je vais rencontrer des gens comme moi. Des pas sportifs. Des débutants. Des gros. Mais il n’y a que moi. Pas très sportif, débutant et « gros ». Le seul !

Un espoir subsiste. J’entrevois à ma droite, sans trop y faire attention, un gars qui semble porter un grand sac blanc sur lequel figurent des inscriptions dessinées au marqueur rouge. Sans doute un original ! Peut-être l’ustensile fait-il partie d’un déguisement ? J’ai vu cela, dans certaines courses. Des originaux s’alignent déguisés. Sans doute se joindra-t-il aux habitués du fond de peloton. Chouette, je ne vais pas être dernier…

Départ. Passage sous le portique. Je m’étais juré d’être très sage dès les premiers mètres, histoire qu’on ne m’enterre pas à l’église. Je suis dernier, j’en suis quasiment certain ! Mais déjà, je sens une présence derrière moi. Deux types m’encadrent. J’avais oublié, une de mes plus grosses crainte: le « camion balai ». Pas de camion, ici. Mais deux habitués de la discipline, triathlètes à leurs heures perdues. Parmi eux, le type avec le grand sac ! Merde, ce n’était donc pas un original ! Du coup, j’ai les jambes en « chiquelette ». Je ne vais donc pas pouvoir faire discrètement ma course en fin de peloton.

Le temps de retrouver la concentration, se présente l’entrée du premier parc. Simple comme bonjour ! Puisque les jeunes qui y disputaient la première course y sont passés quelques minutes auparavant et n’avaient pas l’air éprouvé, c’est que cela ne doit pas être bien compliqué. Mes deux accompagnateurs hurlent ! Il faut libérer le passage. Il est vrai que les spectateurs, dans l’attente du retour des premiers dans le sens inverse, avaient déjà pris possession de l’endroit… Pas le temps d’apprivoiser la différence d’adhérence entre l’asphalte et la terre humide. A peine le pied posé sur la terre qu’il se dérobe. La gamelle ! Même pas après un kilomètre… « Vous faites bien la petite course ? », s’interrogent alors mes deux accompagnateurs, inquiets d’être ainsi embarqués dans ma galère.

Et, de fait, la galère ne faisait que débuter. Avec quelques 500 sportifs, des vrais, qui m’ont précédé, il ne fallait pas parler de chemins humides mais de chemins boueux. Extrêmement boueux. L’occasion de me souvenir de l’achat de mes chaussures quelques mois plus tôt. « Ce sont de bonnes chaussures, pour un début. » J’avais oublié le « pour un début ». Et donc, ce fut une galère sans nom par la suite, l’équipement n’étant manifestement pas adapté au franchissement de chemins boueux aux pieds d’un débutant, « gros » de surcroit. L’exercice le plus délicat consistera donc à ne pas tomber.

« Il y en a un qui est tombé ? »

La montée de la pharmacie. J’adore cet endroit ! Surtout l’été dernier, sur le sec et en descente. Génial ! Un kilomètre de liberté totale. Mais en montée et sous la pluie… Pire qu’Holiday on ice. Il faut donc se résoudre à marcher. A mi-chemin, un signaleur m’encourage. « 300 mètres de répit, avant la seconde partie du chemin de terre! ». Tiens, comment sait-il que j’ai des difficultés ? La fin de la terre approche enfin. Je retrouve l’asphalte aux Golettes et mon habituel terrain d’entraînement. Une signaleuse semble inquiète et m’interpelle: « Il y en a un qui est tombé ? ». Horreur ! Elle sait déjà. La nouvelle s’est donc propagée, à une vitesse plus rapide qu’un joggeur de fond de peloton. « Oui, moi… » J’avoue, la tête haute. La voilà rassurée.

L’allée des Marronniers était magnifique. Sans marronniers, elle l’est moins. J’aperçois néanmoins au fond du chemin un géant. C’est Patric Orban, qui avait manifestement attendu à cet endroit le plus gros du peloton mais n’avait pas envie de patienter plus pour voir le « gros » du peloton. Il met son casque, met les gaz et m’adresse un sourire en constatant les traces de ma chute sur mon training. Alors là, c’est le pompon ! Rire de ma chute ? Alors que ce type en a fait plus de 200 au cours de sa carrière de motocycliste. M’enfin!

Je suis désormais près de chez moi. J’avais calculé que les difficultés seraient moins… difficiles à partir de cet endroit. Le parc est magnifique. Les moines tibétains, sans doute refroidis par la pluie, ne m’ont pas attendu. Les photographes non plus (snif !). Et mon voisin Dalaï n’est même pas venu me faire signe.

Derrière moi, mes deux accompagnateurs m’ont laissé un peu d’air. Ils discutent avec les signaleurs et « débalisent » le parcours. Malgré cela, ils me rejoignent avec une aisance déconcertante. Le troisième château approche. « Cela va bientôt descendre, Monsieur ! ». Ils sont sympas et prévenants. Mais cela ne diminue pas la difficulté. Les chemins de terre et la prairie ne forment plus d’un océan de boue. Sortie du parc. Les joueurs de tam-tam me tournent le dos. Ils préfèrent jouer pour les participants de l’autre course qui reviennent déjà en face après une boucle supplémentaire de 7 kilomètres. Dans la descente, ils me dépassent à fond de balle mais, comme je suis « gros », je résiste à la traînée d’aspiration. L’un d’eux m’adresse un petit coup de coude au passage. Je doute que cela soit un signe d’encouragement. A l’entrée de la Basse-Ruelle, c’est le dernier ravitaillement péket. En vrai sportif, je refuse. « Vous avez tord, cela fait descendre plus vite ! », m’adresse le préposé qui, lui aussi, a donc pris conscience du niveau de ma lenteur.

Au final, mon aventure s’est transformée en parcours extrêmement éprouvant. Mais, avec une petite émotion, j’ai passé la ligne d’arrivée. Dans mes temps habituels et à ma place, c’est-à-dire la dernière. Les deux jeunes filles qui me précèdent, âgées de 14 ans, m’ont mis plus de 4 minutes dans la vue. L’expérience est enrichissante mais le bilan est mitigé. Je pense avoir forcé un peu, côté rythme cardiaque. Je ne suis pas certain d’avoir pris autant de plaisir que je l’avais imaginé. Merci aux deux spectateurs qui m’ont félicité à l’arrivée ! J’ai désormais des souvenirs et je vais mieux me préparer. C’est peut-être nécessaire…

Photo: Jean-Louis Masson

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