J’ai vu le Pape et sa mule !

Châteauneuf-du-Pape – Plus de 1200 coureurs au départ à Châteauneuf-du-Pape. Le « Coup de pied de la Mule » est un jogging d’un peu plus de 10 kilomètres organisé par la « Foulée Castel-papale ». C’est aussi le club dans lequel je suis adhérant. L’expérience a été fabuleusement enrichissante.

Le village est entièrement dédié à la course. Une fanfare se déplace un peu partout alors que les organisateurs ont revêtu des déguisements médiévaux. Il y a même un Pape qui participe activement à la Zumba lors de l’échauffement.

Le départ se fait en un seul flot, mais les 1200 coureurs sont répartis en différents « sas ». Seuls les meilleurs, sur base d’un justificatif, ont le droit de se situer devant. Avec autant de participants, quand le départ est donné dans la rue principale relativement étroite, je mets une minute pour franchir la ligne. Les déguisés, eux, partiront à l’arrière, dans le dernier « sas ». On file rapidement vers le point le plus bas de la course avant de remonter vers la première grosse difficulté. En 600 mètres, on va alors gagner déjà quelques 46 mètres d’altitude lors de la remontée vers le château. La première partie de cette côte passe devant le caveau du Domaine La Consonnière et se termine juste devant chez Henri Bonneau, l’un des « grands » de l’appellation. Après un premier passage à la « Porte rouge » (un des derniers vestiges de l’époque médiévale), on file alors vers la seconde partie de la remontée et vers les ruines du château. Une pente au dénivelé impressionnant qui débute par des escaliers étroits. Marcher ou courir ? La question ne se pose pas car c’est le bouchon. Mais à mi-parcours, je me faufile à gauche vers une ouverture. Je veux courir car je ne veux pas avoir le sentiment de m’être défilé devant la difficulté qui me faisait le plus peur. L’effort est tellement exigeant que, en haut, les gens hésitent à trop encourager. Le cœur pompe mais la satisfaction d’atteindre le sommet est bien réelle.

En analysant le profil altimétrique du parcours, je m’étais dit qu’il serait permis de souffler un peu entre le 2e et le 3e kilomètres, dans la descente vers le cœur du village. Mais ces prévisions s’avèreront trop optimistes, comme sur l’ensemble du tracé. En réalité, le parcours nécessite de nombreuses relances, comme sur ce faux-plat en montée et en enfilades. La vraie descente qui suit sollicite encore les jambes. « Batman » m’y dépasse… Retour vers le départ, avec des spectateurs amassés aux bords du carrefour et qui encouragent. C’est assez impressionnant. Le village se laisse emballer par la course !

Au Château de Vaudieu, à côté du ravitaillement en eau, Laurent Brechet en personne sert du Vaudieu à ceux qui veulent le déguster. Au risque de ternir ma réputation, je fais l’impasse sur le verre.

Au quatrième kilomètre débute la seconde difficulté repérée. Une montée délicate sur un chemin de terre étroit et parsemé de galets roulés. Attention aux entorses ! Un concurrent sur deux marche. Pour courir, il faut dépasser et éviter les embuches. Je dépasse mais je me fais aussi doubler, notamment par une « cowgirl » qui annonce son arrivée avec un pistolet en plastique. On aperçoit ensuite le Château de Vaudieu, qu’on contourne d’abord de haut en bas. On pénètre ensuite dans sa propriété par l’allée centrale. Le lieu donne un vrai cachet à la course. A côté du ravitaillement en eau, Laurent Brechet en personne sert du Vaudieu à ceux qui veulent le déguster. Au risque de ternir ma réputation, je fais l’impasse sur le verre. La côte qui suit va me donner raison. Après la sortie du parc, on se dirige vers les vignes du célèbre Château Rayas. Emmanuel Reynaud n’est pas là. Mais les gens applaudissent et scandent les prénoms qu’ils lisent sur les dossards des coureurs.

Cela monte plus que je ne l’avais estimé. La côte se prolonge dans un faux-plat interminable. Je dépasse timidement… une dame de soixante-quinze ans (on le dit ainsi, là-bas…). C’est elle qui annonce son âge. Elle laisse tout le monde « sur le cul » et finira sur le podium de sa catégorie.

Dans mon analyse préalable, j’avais calculé que la course serait plus facile à partir du 8e kilomètre. Il suffisait juste de se laisser glisser en descente vers l’arrivée. Triple erreur ! La dernière montée a laissé des traces sur mon souffle d’ancien fumeur. Je sens un picotement inquiétant sous la voûte du pied droit. Et ce qui devait être une descente débute par un faux-plat en montée ! De quoi calmer les ardeurs de ceux qui pensaient en avoir fini. Le picotement s’intensifie, le constat est là: c’est l’ampoule. Mais pas question d’y laisser la moindre seconde. J’allonge la foulée. Après une longue descente (enfin !), on attaque l’ultime courte remontée (qui porte le total à 152 mètres de dénivelé) vers la « Porte rouge ». Près de chez Thierry Usseglio, je croise le Pape (le faux) et sa mule (la vraie).

Dans la dernière épingle en montée, les enfants ont pris possession des deux côtés de la route et frappent le sol avec des bouteilles en plastique. Ils crient et encouragent. A 400 mètres de l’arrivée, coup d’œil sur le chrono. Mon temps m’étonne et je pense pouvoir terminer en 1 h 10. Le tracé serpente dans des ruelles typiques et très étroites qui offrent la dernière particularité de la course. Les enfilades sont serrées, cela va vite en descente et on prend des trajectoires qui frôlent les murs. A peine le temps de sentir la « cloche » sous le pied, c’est trop amusant. Une dame crie: « dernière bosse avant l’arrivée ». Dix mètres en montée, puis descente vers une épingle gauche en prenant une trajectoire tendue. L’arrivée est là et un ultime sprint me permet de passer à 1 h 09’56 » sur l’affichage officiel. Mieux que prévu ! J’ai les larmes aux yeux. Ce n’est pas la performance sportive de l’année, mais je suis heureux d’avoir réalisé mon objectif. L’après-course sera très agréable. A Châteauneuf-du-Pape, on ne boit pas de la bière. Non, l’organisateur met un buffet et deux barriques de vin à disposition de tous les participants ! C’était bon…

Photo: KMS

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