Munster – J’étais stressé et rempli de doutes au moment de prendre le départ de mon sixième trail de montagne. Une course à travers les bois et les pâturages de la Vallée de Munster rendue plus difficile encore par la présence d’un épais brouillard dans la partie finale disputée de nuit. Le plaisir de rejoindre l’arrivée est immense.
Les conditions météo représentaient ma principale incertitude. Si la fine pluie qui tombait avant le départ ne me posait pas de problème, j’ai longtemps hésité à choisir mon équipement pour me protéger du froid, du vent et du brouillard annoncés en altitude. La difficulté du tracé et un final en nocturne renforçaient cette incertitude.
Au moment du départ donné dans le parc de la Fecht, l’organisateur annonce un tracé très roulant. On va quand même se farcir 19 kilomètres de course à travers la montagne, 1.000 mètres de dénivelé positif et autant de dénivelé négatif dans des chemins tortueux. Le premier kilomètre est effectivement roulant mais la première montée donne le ton sur la difficulté globale de la course. Le tracé va alors serpenter principalement sur des « single track » dans les bois et des chemins à travers les pâturages. Le Munster Trail est une épreuve automnale. Les chemins sont remplis de bogues de châtaignes et des premières feuilles mortes. Mais ce sera, hélas !, les derniers signes visibles de l’automne. Quelques mètres d’altitude plus loin, le brouillard fait son apparition et prive les participants des superbes paysages vosgiens.
On n’en prendra pas plein les yeux ! Reste les oreilles et le nez. Au fur et à mesure de la progression à travers les pâturages, on entend les bruits caractéristiques des cloches des vaches. Mais le vrai plaisir, c’est l’odeur des sous-bois et des pâturages à l’entrée de l’automne. C’est au nez qu’on comprend pourquoi le Munster reçoit toutes ses caractéristiques gustatives au départ du lait produit dans ces pâturages.
Treize kilomètres de montée étaient annoncés jusqu’au ravitaillement du Glasborn. Mais cette première partie du tracé alternait montées sèches et belles descentes. A plusieurs endroits du parcours, les spectateurs s’étaient regroupés pour encourager les participants. Cela fait vraiment partie d’une ambiance qu’on ne retrouve que dans les courses de montagne.
Je me suis senti bien au cours de cette longue montée, aussi bien dans les sections courues que dans les parties marchées avec les bâtons. J’ai eu un petit coup de mou à l’approche du dixième kilomètre mais une pâte de fruit m’a permis de me relancer et même de terminer la montée à un rythme très satisfaisant.
Quand j’allume ma frontale, un mur blanc de brouillard se dresse sous mes yeux. C’est glaçant d’évoluer sans aucune visibilité dans une longue descente très technique
C’est après le sommet au Glasborn que la course bascule dans la descente. C’est aussi le début d’une autre aventure. Le brouillard nous avait privés des paysages. Il va désormais nous plonger dans une fin de course surréaliste, voire dantesque. La nuit tombe. Quand j’allume ma frontale, c’est un véritable mur blanc qui se dresse devant moi. La lumière se reflète dans le brouillard au point de priver de toute visibilité. C’est particulièrement glaçant car on sait qu’il reste à encaisser six kilomètres d’une descente annoncée très technique. On évolue à travers les rochers, les pierres coupantes, les racines et les chemins dans les pâturages, à la recherche du balisage. La visibilité est tellement nulle qu’on ne peut choisir où déposer le pied. C’est lorsque le pied touche le sol qu’on sait s’il va digérer le traitement ou se tordre. Une loterie. Sur la descente, j’ai dépassé quatre participants victimes d’entorses.
A deux kilomètres de l’arrivée, le brouillard se dissipe. Le dernier chemin qui serpente à flanc de colline est particulièrement technique. Ce sont des pierres coupantes et des rochers glissants. Reste alors à effectuer le dernier kilomètre à plat pour rejoindre le parc d’arrivée, faire le tour de l’étang et franchir le portique d’arrivée. Avec la satisfaction de sortir d’une course aux caractéristiques éprouvantes et exceptionnelles. Epuisé mais heureux, je passe sous mon objectif des trois heures. Je termine en 2h55, 344e sur 394. Le Munster Trail sera de nouveau sur mon calendrier la saison prochaine !

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