Le plaisir de se faire mal à l’Oisans Trail Tour

Vaujany – Un soleil de plomb, 32 degrés au thermomètre et le stress d’une course avec une barrière horaire. Mais quel pied ! Plus je dispute cette épreuve, plus je tombe amoureux de la région.

L’organisation est de retour à Vaujany pour ma cinquième participation à cette épreuve. J’ai testé l’an dernier un format un peu plus long que mes habitudes (qui reste, ici, la course la plus courte) et j’y ai adhéré. Je suis capable de digérer cette distance de 24 kilomètres et de 1250 m de D+ en montagne. Mais cela ne diminue pas mon stress. Car il va falloir gérer la première barrière horaire annoncée à Villard Reculas.

J’ai dormi quatre heures et me suis levé à 5h du matin pour aller prendre le bus qui nous conduit à Auris-en-Oisans, lieu du départ. Le stress monte encore pendant une bonne heure de trajet.

A Auris, le départ se fait au pied des pistes Le chemin monte déjà et, quelques secondes après le coup d’envoi, je constate qu’il ne reste déjà plus que quatre personnes derrière moi. Certes, j’ai décidé de gérer et de partir lentement. Mais devant, c’est parti vite. Le tracé nous fait plonger depuis le col de Maronne dans une descente dans des roches, moins glissantes cette année que l’année dernière. J’ai aussi changé de chaussures et adopté des Hoka, nettement plus adaptée que les Salomon. Pourquoi n’ai-je pas eu ce déclic plus tôt ?

A la sortie du vallon débute la montée d’Huez, tant redoutée par sa pente et les marches naturelles constituées par les rochers et les racines. Je l’aborde avec le sentiment d’avoir 15 minutes d’avance sur une moyenne raisonnable. Elle me semble moins longue cette fois, puisque je la connais. Mais les dernières épingles restent interminables.

En haut, après déjà 8 kilomètres de course, il reste 26 minutes pour atteindre, en descente, la barrière horaire fixée à 10 km à Villard Reculas. Les minutes défilent, le sol est rempli de pièges, je sens ma barrière en poche. Mais je consulte le chrono. Encore 8 minutes et quelques centaines de mètres à effectuer… Depuis le début de la course, j’ai imprimé un très bon rythme, trop élevé même. Les jambes sont lourdes et tapent le sol. Mais il faut atteindre cette barrière dans les temps. Le chemin serpente dans la prairie, je rejoins l’entrée du village. Mais où est donc cette satanée barrière ? Il ne reste que quelques secondes. La barrière se trouve là, en haut du parking. L’objectif sera manqué. Je passe le contrôle horaire à 2h et 23 secondes. Normalement, c’est l’exclusion. Pas de contrôleur. Je ravitaille et j’entend la jeune ravitailleuse qui annonce que nous avons dépassé le 11e kilomètres. Vérification de la montre: c’est exact. La barrière a été repoussée d’un kilomètre, personne n’a été averti. Je suis donc bien dans les temps…

« Tout le monde souffre, c’est presque rassurant ! »

De Villard Reculas, je repars pour une section plus sage. Cette fois, on dispose de 4h30 pour effectuer 8 kilomètres et respecter la seconde barrière à Oz 3300. Je ne comprends pas leur méthode de calcul sur ces barrières. Après 8 kilomètres de montagnes russes entre Villard et Oz, j’arrive donc avec 3 heures d’avance sur la seconde barrière. La seconde barrière est en fait calculée sur les derniers participants de la plus longue course…

Sur cette section entre Villard et Oz, je suis dépassé par une dame très rapide. La lauréate du 78 km, en fait. Je lui demande si elle a vu la plateau d’Emparis au petit matin. « Oui, c’était vraiment beau, il ne fallait pas manquer ça. Mais comme je suis là, je regrette de ne pas avoir fait le 39 km« , me confie-t-elle. Tout le monde souffre, c’est presque rassurant.

Il reste six kilomètres à effectuer pour rejoindre l’arrivée. Le soleil tape de plus en plus fort. 32 degrés. Après Oz, on remonte dans la forêt, cela sent bon l’épicéa, mais le pas est de plus en plus lourd. Il faut chercher l’ombre et reprendre sa respiration. Puis, c’est la plongée dans une combe pour deux kilomètres de descente très pentue. Là, les cuisses dégustent. Mais pas le choix, il faut encaisser les chocs ou concéder de nombreuses minutes. Une petite nana du 39 km me dépasse. Je trouve qu’elle avance comme une gazelle qui saute de pierre en pierre, avec une facilité déconcertante. C’est tellement mignon ! Je tente d’imiter son style mais je résiste 20 mètres. Il faudra perdre des kilos… Reste ensuite la montée pour sortir de cette combe. C’est aussi difficile qu’à Huez. Cela monte tellement qu’on ne peut plus avancer. Les spectateurs sont là et encouragent. Dernier escalier, il reste 200 mètres avant l’arrivée à Vaujany. Je termine à la 152e place sur 160 finishers, en 4h48. Dix minutes de mieux que l’an dernier sur un profil similaire.

Comme l’année dernière, les bouteilles de bière sont sur la table. Seuls les participants du 24 km n’y ont pas droit. Priver un Belge de bière ? Chers organisateurs, il faudra corriger cela pour ma 6e participation, l’année prochaine à Oz !

Je retiens encore plein de bons souvenir de cette épreuve. Le cadre fabuleux, des paysages à tomber par terre, un effort conséquent qui fait savourer la ligne d’arrivée, le soutien des amis sur les réseaux, les mots d’encouragement des concurrents des deux autres épreuves, qui saluent tous sans exception lors des dépassements… C’est l’esprit du Trail !

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